« Woman at war »

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Pin on PinterestEmail this to someone

 

 

Quichotte en jupe

 

Les films sur les causes environnementales ne sont rien de nouveau aujourd’hui, encore moins les drames familiaux impliquant l’adoption. Mais si nous réunissons les deux thèmes dans un environnement peu connu, comme l’Islande, et encore une autre série de détails révolutionnaires, nous avons alors la composition de « Woman at war » (« Kona fer í stríð », ISL, 2018), représentative de ce pays pour la catégorie Meilleur film en langue étrangère d’Oscar 2019.

Dans les premières minutes du film, nous sommes témoins à une action de Halla (Halldora Geirharðsdóttir) comme éco-terroriste. Armée d’un arc et d’une flèche, elle est capable de saboter le réseau d’énergie qui alimente une usine d’aluminium – dans sa vision, une grave menace pour l’environnement, la santé et le style de vie des Islandais.

Pendant l’évasion, elle demande l’aide d’un agriculteur, Sveinjörn (Jóhann Sigurðarson), qui révèle qu’ils pourraient même être cousins, parce que son grand-père était un grand coureur de jupons. Échappant de justesse à son arrestation, Halla reprend sa vie normale de conducteur de corail.

Halla est une femme d’âge mûr, solitaire, avec peu de vie sociale, mais avec un sens profond du devoir envers la conservation de l’environnement de son pays. C’est peut-être pour cela qu’elle est surprise d’apprendre qu’elle a été sélectionnée par une agence d’adoption pour accueillir une petite orpheline ukrainienne.

Bien que Halla soit satisfaite de la possibilité de devenir mère, elle est également bouleversée par la possible invasion du pouvoir économique chinois, associée à la collaboration enthousiaste de son propre gouvernement. Même divisée, elle ne peut s’empêcher d’effectuer une autre action spectaculaire contre l’usine d’aluminium.

Et ce moment de succès dans sa lutte environnementale peut également signifier un échec dans son projet d’être mère, car ses actions déclenchent une rigoureuse enquête multinationale. Pour compliquer les choses, sa sœur jumelle, qui serait la tutrice de remplacement, annonce son intention de partir pour un voyage de deux ans en Inde.

Cette histoire curieuse se déroule dans l’un des scénarios les moins connus au monde. L’Islande est un pays fondé par les Vikings au-dessus du cercle polaire, avec une population d’un peu plus de trois cent mille habitants, très peu de terres fertiles et grande activité volcanique.

Malgré son histoire simple, ce film regorge de choses intéressantes, à commencer par la protagoniste, une femme hors de la beauté hollywoodienne, mais qui gagne la sympathie et la complicité du spectateur dans son combat contre les géants. Halldóra Geirharðsdóttir joue non seulement le rôle de la combattant Halla, mais également celui de la sœur jumelle Ása avec une extrême compétence, au point que je pensait moi-même qu’il s’agissait de deux actrices !

En plus du magnifique paysage, photographie compétente et montage parfait, « Woman at war » apporte une curiosité supplémentaire, avec la bande-son faisant partie de la scène. Bien sûr, une bande-son a pour fonction d’accompagner les différents moments du film, mais dans ce cas, les musiciens sont littéralement sur la scène!

Il n’est pas difficile pour le spectateur de s’identifier à l’héroïne, même si elle commet des actes criminels. Cependant, dans un pays où la police n’utilise même pas d’armes à feu et dont son site Web regorge d’images mignonnes et amusantes, le méchant s’avère être le capitaliste envahissant. De manière subtile, le film soulève également des critiques sur la xénophobie et l’horreur de la guerre.

Contrairement à d’autres productions, « Woman at war » apporte une fraîcheur au Septième Art, montrant qu’il reste encore des angles à explorer pour notre souffrante humanité. Le film a remporté 25 prix et a été nominé pour 13 autres catégories dans divers festivals autour du monde, en soulignant le prix du meilleur scénario à Cannes en 2018.

Depuis l’année dernière, on a appris qu’un remake américain de ce film est déjà en cours. Il est difficile d’imaginer ce qui pourrait en sortir, mais au moins la direction sera de Jodie Foster, ce qui laisse espérer que l’esprit du film original sera gardé.

 

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Pin on PinterestEmail this to someone