Les adieux à la reine
La fin d’une époque
Il est curieux de voir comment un événement important comme la Révolution Française est plein de faits et de fantasmes qui continuent d’attirer l’attention du public à ce jour – et certainement encore beaucoup d’autres seront découverts. L’un de ces faits est montré dans « Les adieux à la reine » (FRA, 2012), film réalisé par Benoît Jaquot.
S’il y a un événement qui a provoqué une rupture majeure dans l’histoire du monde, c’est certainement la révolution française, qui a terminé une dynastie de royauté absolutiste et s’est répandue dans le monde entier – à une époque où les communications étaient infiniment inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui.
La Révolution Française ne s’est pas limitée à la prise de la Bastille, comme beaucoup le croient. En fait, c’était une période de troubles qui a duré des décennies, avec des révolutions et des contre-révolutions, dans une période de semi-anarchie, où personne ne comprenait bien ce qui se passait.
Cet état de confusion est ce qui a été capturé dans les scènes de « Les adieux à la reine », où l’histoire est montrée à partir de l’optique de Sidonie Laborde (Léa Seydoux), une humble servante du château deVersailles. Sidonie, en plus d’avoir une grande habileté en broderie, était également alphabétisée – une condition rare à l’époque – et a eu l’honneur d’être lectrice de la reine Marie-Antoinette (Diane Kruger).
Si l’atmosphère était déjà tendue avec les manifestations populaires constantes contre la Couronne, tout le monde à Versailles était stupéfait par les nouvelles venant de Paris, affirmant que la Bastille, une prison royale, avait été envahie par le peuple.
Versailles, résidence de la Français famille royale, avec plus de 700 chambres, était occupée par la noblesse qui tournait autour du roi et de la reine, ainsi que par toute une armée de serviteurs qui maintenaient la structure en marche.
Mais l’un des plus grands besoins de la reine était Yolande Martine Gabrielle de Polastron (Virginie Ledoyen), la comtesse de Polignac. L’influente amie de Marie-Antoinette occupait le lucratif poste de « surintendant de la Maison de la Reine », nom pompeux pour l’organisation des plaisirs de la souveraine, fonction pas toujours exercée de manière éthique.
L’amitié entre les deux était si étroite qu’elle a déclenché des rumeurs selon lesquelles elles avaient une relation homosexuelle, un aspect qui est également évoqué dans le film.
Sidonie, à son tour, était entièrement dévouée à la reine, et était divisée entre l’affliction pour l’avenir incertain de la souveraine et la jalousie pour son intimité avec la comtesse. Lorsque la situation se détériorera, Sidonie sera choisie pour être le salut de Gabrielle, quitte à mettre sa propre vie en danger,
Le film de Jaquot a réussi à montrer magistralement ce moment important de transition de la cour française, en plus d’exposer un personnage historique peu connu, mêlant événements réels à une intrigue fictive.
L’approche homosexuelle est vague, bien qu’elle laisse intentionnellement le spectateur dans le doute quant à l’existence d’une relation amoureuse entre la reine et Gabrielle, ou même sur les sentiments de Sidonie envers la souveraine.
S’il y a une vérité historique dans les rumeurs sur la débauche de Marie-Antoinette, c’est difficile à dire, car l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs, qui n’ont pas la moindre intention d’adoucir n’importe quel aspect qui pourrait transformer l’image de la reine en monstre.
« Les adieux à la reine » est un film très bien fait, avec une grande reconstitution de l’époque, pratiquement tout tourné à Versailles, et qui nous donne une brève idée du chaos qui aurait été ce moment très important de l’histoire de l’humanité.
Ce film a remporté l’Ours d’Or au Festival du film de Berlin et aussi trois César, l’Oscar français dans les catégories Photographie, Costumes et Direction artistique, ainsi que sept autres nominations.